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De la théorie des humeurs à l’équilibre biologique

Savant grec, Hippocrate est à l’origine de la rationalisation de la médecine antique, qui rompt avec la religion. La  théorie des humeurs est enseignée jusqu’à la fin du 18e siècle en Occident. Cette conception de l’équilibre du corps, basée sur l’équilibre du cosmos, évolue sous l’influence de Claude Bernard (1813- 1878), père de la médecine expérimentale.

La médecine grecque et la théorie des humeurs 

Hippocrate (460-370 av. J.-C.) est un savant grec, fondateur d’un courant qui a transformé en profondeur la médecine de son temps. On lui doit plusieurs apports significatifs. En premier lieu, il sépare la médecine de la religion pour en faire une discipline autonome. Pour comprendre la profondeur d’une telle rupture, il faut rappeler que le pouvoir de guérir était alors celui des descendants d’Apollon, dieu grec de la médecine. Hippocrate et ses successeurs mettent en œuvre une méthode rigoureuse qui utilise l’observation du patient et de tous les signes qui permettent de poser un diagnostic. Autre évolution de la médecine, la théorie des humeurs repose sur la correspondance entre les composants du corps et ceux de l’univers, et leur équilibre dans le corps. La thérapeutique permet de lutter contre des maladies et de restaurer l’équilibre, notamment grâce à l’alimentation et à l’hygiène de vie. 

Le médecin astrologue du Moyen-Âge 

Au XIIIe siècle, de grandes universités sont fondées à Montpellier, Bologne, Oxford ou Paris. On y étudie la médecine à partir des conceptions gréco-musulmanes. C’est une médecine scolastique, repose sur une connaissance livresque plus que sur l’expérience. Si elle est dépourvue de la magie qui imprégnait couramment les pratiques de soin, la médecine au Moyen Âge emprunte à l’astrologie. Cette discipline qui étudie l’influence des astres sur le monde explique les correspondances et des cohérences entre le corps, microcosme individuel de la personne, et l’univers, macrocosme qui agit sur l’homme. Dans l’Europe chrétienne, la santé est aussi prise en charge par l’Église et notamment par les ordres religieux qui accueillaient indigents et malades. Progressivement, un double système se met en place : une médecine à domicile pour les plus riches, l’hôpital pour les pauvres. La santé est encore affaire de croyance et pour beaucoup, la dévotion aux saints et aux reliques tient plus efficacement le mal à distance que le médecin !

Homéostasie, le nouveau nom de l’équilibre

« En Europe, les textes hippocratiques sont constamment repris et constituent un fondement extrêmement durable de la pensée et de la philosophie médicale jusqu’au XVIIIe ou XIXe siècle, explique l’historien et médecin Vincent Barras. La notion d’équilibre y est cruciale. Une notion de mesure, mais d’une mesure qui n’est pas quantifiable. Le corps est un ensemble de qualités qui doivent être en bon équilibre ». Le XIXe siècle constitue un tournant pour la science médicale, mais il ne rompt pas avec la notion d’équilibre. C’est au médecin et physiologiste Claude Bernard qu’on en doit l’évolution avec l’homéostasie, c’est-à-dire la capacité du système corporel à maintenir les différentes constantes physiologiques (température, débit sanguin, tension artérielle, etc.). Elle est une nouvelle façon de comprendre le maintien des équilibres du corps qui permettent son bon fonctionnement, par exemple, la régulation de la température (voir schéma). Il s’agit d’un équilibre dynamique, mouvant, adaptable, qui n’est pas statique ou fondé sur la seule neutralisation de forces contraires. Vue ainsi, la santé réside dans notre capacité à nous adapter en permanence aux variations.

 

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