Comprendre

Le retour de la sieste ?
De nombreux travaux soulignent les bienfaits de ce sommeil diurne trop souvent négligé. La Fondation APRIL vous aide à mieux comprendre ce phénomène et vous donne des clés pour vous adonner à la micro-sieste !
Ce n’est pas nouveau
Le mot vient du latin Siesta, qui désigne la sixième heure (sexta hora) après le lever du soleil, ce moment où notre vigilance baisse, en début d’après-midi, même si nous n’avons pas déjeuné. « Ce qui fait la particularité de la sieste, c’est une demande de mise au repos plutôt cognitive et cérébrale, dont on sait qu’elle touche presque tout le monde, notamment avec les baisses d’attention, les erreurs, les diminutions de temps de réaction dans la journée. Or la sieste répare ces phénomènes », souligne le professeur Damien Léger, chef d’unité du Centre du sommeil et de la vigilance.
Déjà, à la fin des années 1990, des études japonaises avaient observé les effets positifs d’une sieste de 15 à 20 minutes sur la vigilance et la performance d’une tâche après un déjeuner et une nuit de sommeil normale.[1]
Qu’est-ce qu’une sieste ?
Une sieste est une phase de sommeil qui dure entre 10 et 30 minutes, idéalement effectuée entre 13 heures et 16 heures. Sara Mednick, spécialiste du sommeil de l’Université de Californie et auteure du livre «Take a Nap ! Change your life» (Faites une sieste ! Changez votre vie) estime qu’une sieste de 10 à 20 minutes redonne de la vivacité intellectuelle et de l’énergie mais qu’une sieste de plus de 30 minutes pose des problèmes pour « émerger ». D’autres études publiées dans le Journal of Sleep[2] de l’Université de Düsseldorf montrent aussi que des siestes très courtes de six minutes ont des effets bénéfiques sur la mémoire.
Le retour de la sieste pour les séniors
Comme toutes nos fonctions physiologiques, notre sommeil prend des rides entre 50 et 60 ans. Si la durée totale du sommeil ne se modifie pas (les seniors dorment même légèrement plus que leur cadets), la durée du sommeil nocturne diminue et le sommeil s’allège. Les cycles de sommeil comportent de moins en moins de sommeil lent profond, au profit d’un sommeil lent très léger. Le sommeil paradoxal apparaît souvent plus tôt au cours de la nuit, et sa quantité est parfois diminuée. Les éveils nocturnes sont plus fréquents, plus longs, surtout dans la première partie de la nuit ; les ré-endormissements sont plus difficiles. Ces éveils, mémorisés le matin, donnent parfois l’impression pénible de ne pas avoir fermé l’œil de la nuit ! La rythmicité jour/nuit du sommeil se modifie : le réveil matinal survient de plus en plus tôt, et le manque de sommeil nocturne est compensé par la réapparition de plusieurs siestes dans la journée. La sieste joue alors un rôle salvateur chez les séniors…
Micro-sieste ou la sieste « cuillère »[3]
- Objectif : vous mettre en pause sans vraiment vous endormir.
- En pratique : prenez un objet dans la main ; quand vous le laissez tomber, il est temps de vous réveiller.
- Préférez un objet qui fera du bruit pour être certain de ne pas manquer le réveil !
- Anecdote culturelle : Elle était pratiquée par Salvador Dali qui s’asseyait dans un fauteuil, une cuillère en argent à la main et un plateau en métal à ses pieds. En s’endormant, il lâchait la cuillère sur le plateau et était réveillé par le bruit.
- Ces siestes courtes permettent aussi de souffler, de décompresser pour les personnes soumises au stress, à la pression.
[1] Takahashi, National Institute of Industrial Health, 1998, Kawasaki et Hayashi, Department of Behavioral Sciences, Faculty of Integrated Arts and Sciences, Hiroshima University, 1999
[2] https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1365-2869.2008.00622.x
[3] Sophrologue : Sabine PERNET : https://www.relaxationdynamique.fr/sieste-flash-le-sommeil-a-la-cle/