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C’est quand la pause ? Le cerveau aussi a besoin de souffler
Nous l’avons tous constaté, à l’école comme au bureau, le rendement baisse lorsque nous oublions la pause. Pourtant, le travail intellectuel ne fait pas transpirer. Aussi, pourquoi avons-nous besoin de décrocher et à quel rythme ? Entretien avec Jean-Philippe Lachaux, directeur de recherche Inserm au Centre de recherche en neurosciences de Lyon.
Le cerveau n’est pas un muscle, pourquoi se fatigue-t-il lorsqu’on l’utilise ?
Pour être efficace dans une activité, il faut se concentrer, c’est-à-dire engager volontairement un processus cognitif. Or, ce qui fatigue, ce n’est pas tant la concentration que le contrôle cognitif pour y parvenir. En effet, il faut s’obliger à rester à ce qu’on fait, à résister aux distractions. Cela génère de la fatigue mentale.
Plus on est susceptible d’être distrait, plus il faut être vigilant. Par exemple dans un environnement où il faut maîtriser sa façon de parler et son image, le travail fatigue car il oblige à faire deux choses simultanément.
En revanche, la bonne concentration donne de l’énergie. C’est le cas des musiciens lorsqu’ils sortent d’un concert où ils étaient totalement investis. Lorsqu’ils s’arrêtent de jouer, ce n’est pas parce qu’ils sont mentalement fatigués.
Si on se concentre facilement, on n’a moins besoin de pause ?
Non, car le travail intellectuel fatigue de façon intrinsèque et les pauses sont nécessaires. En plus de relâcher le contrôle cognitif, faire une pause permet d’alléger la mémoire de travail.
Lorsque la mémoire contient trop d’informations qu’elle ne le peut, nous ne sommes plus efficaces. On parle alors de surcharge cognitive. Dans la vie de tous les jours, c’est souvent toutes les choses qu’on ne doit pas oublier de faire, comme acheter le pain, téléphoner à la nounou, prendre rendez-vous chez le dentiste, déposer les clefs chez la voisine… À partir de trois ou quatre choses qu’il faut garder à l’esprit, cela commence à saturer.
La notion de stress, et précisément le stress de rater, d’oublier des choses, de ne pas finir à temps, s’ajoute à celle de surcharge. Le mieux finalement, c’est de s’arrêter et de noter.
Existe-t-il une fréquence de pause idéale ?
Cela dépend du type d’activité effectuée et de l’énergie nécessaire à sa concentration du moment. En fait, la notion de fatigue du cerveau est assez mal comprise. Il y a des zones du cerveau dont le fonctionnement sur la durée est davantage associé à une sensation de fatigue que d’autres.
Par exemple, nous ne sommes jamais fatigués de voir, au sens où si nous sommes devant un écran en fin de soirée, nous voyons toujours les images. Pourtant cette activité implique le cortex nerveux qui a fonctionné toute la journée. En revanche, calculer mentalement, ne serait-ce d’une heure, est plus compliqué.
Quelle est la pause idéale dans un travail intellectuel ?
Il n’y a pas eu d’étude à ma connaissance qui permettrait de savoir quelle serait la pause idéale pour chaque activité. On reste encore dans le bon sens. Si on passe une heure à travailler sur écran, ce n’est peut-être pas une bonne idée que d’y rester pour faire un jeu. Il vaut mieux aller faire un ping-pong, marcher et changer complétement de registre.
Les secrets de l’apprentissage, Inserm, dossier élaboré avec la collaboration de l’Institut thématique multiorganisme (Itmo) Neurosciences